Prostitution des mineurs à Lomé : Un drame social grandissant

A Lomé comme dans la plupart des capitales africaines, les travailleuses de sexes exercent leur activité lucrative malgré les actions diverses tendant à leur faire abandonner ce travail d’exploitation sexuelle perverse. Si la pratique était l’apanage des jeunes filles étant déjà responsables de leurs actes, la grande inquiétude aujourd’hui, c’est la prostitution des jeunes filles mineures qui est galopante avec son cortège de corollaires. Immersion dans ce phénomène qui détruit peu à peu l’avenir des générations futures devant construire le Togo.
Agées le plus souvent de 12 à 16 ans, elles sont nombreuses, ces jeunes filles qui s’adonnent à la prostitution dans les rues, les grands carrefours, bars et maquis de Lomé la capitale. Les clients ayant besoin de services sexuels étant toujours grandissant, le principe économique de l’offre et de la demande trouve alors son application dans ce contexte particulier de la prostitution des mineurs. Ainsi, les clients de la prostitution tirent profit des désirs sexuels que procurent ces mineures, selon une analyse récente du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF).
Parmi les facteurs qui provoquent la prostitution, il y a aussi les intérêts économiques qui se rattachent à cette pratique perverse. A Lomé, à part Deckon un carrefour économique de la capitale, d’autres quartiers tels Bè, Nyékonakpoè, Kodjoviakopé, Avédji et Agoè s’érigent en places de prostitution. Que ce soit jeune, vieux ou simple touriste, chacun peut trouver facilement sa bourse sur ces marchés de prostitution. Avec un simple 1000 francs ou 2000 francs CFA. Le plus pauvre est rapidement servi à satiété. Cependant comme l’affirment certaines filles prostituées elles-mêmes, les prix varient en fonction des clients. Ainsi selon l’apparence financière du demandeur, le prix varie entre 5.000 F, 10000 F, 20000 F ou 30000 F parfois. Tout dépend aussi de la nature des prestations, car certains clients ont des exigences ou préfèrent être satisfaits chez-soi à domicile plutôt qu’en maison close directement.
A en croire les dires de ces jeunes acteurs, la pauvreté reste la cause principale de cette pratique. Plusieurs d’entre elles ont des parents incapables de subvenir à leurs besoins, et le pire ce sont ces parents irresponsables qui envoient dans certains cas ces jeunes filles innocentes se prostituer afin de contribuer aux charges familiales. Il ne faut également pas occulter que pour d’autres jeunes filles ayant le minimum vital, les mauvaises compagnies, l’amour de l’argent et le désir de posséder des choses hors de portée de leur bourse les entrainent dans ce monde vicieux. C’est ce qui explique que des jeunes filles arborent fièrement des téléphones de prix qu’un fonctionnaire togolais mettrait un an voir deux ans d’économie à s’offrir.
Dans tous les cas le problème ne reste pas sans recherche de solution, et beaucoup d’acteurs s’impliquent activement dans les approches de solutions durables pour l’éradication totale du phénomène de prostitution infantile au Togo.
Quelles solutions pour la prostitution des jeunes filles mineures ?
La prostitution est un drame social et un mal qui entrave l’épanouissement de la jeunesse togolaise. Si la prévention semble être la meilleure solution pour endiguer le mal, la répression est aussi nécessaire, car la prostitution est aujourd’hui considérée comme de l’exploitation sexuelle sanctionnée par les lois de l’Etat. Se référant à la Convention des Nations-Unies relative aux droits des enfants, les autorités publiques devront élaborer des politiques protégeant l’intérêt supérieur des mineurs victimes d’exploitation sexuelle. Mais la sensibilisation joue également un rôle très important. A cet effet, des établissements scolaires se doivent d’inclure des programmes de prévention de la prostitution dans les programmes scolaires.
Il faut rappeler qu’en 2005, le ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale du gouvernement togolais avait constaté que les actions entreprises pour endiguer le phénomène de la prostitution des mineurs n’avaient malheureusement pas donné les résultats attendus, mais au contraire celui-ci prenait de l’ampleur. C’est en ce sens que le Centre d’Observation et de Réinsertion Sociale des Jeunes en difficulté de Cacavéli (CORSC) avait été en 2009 retenu par le gouvernement pour servir de site de réhabilitation des enfants prostitués de Lomé. Mais, un tel projet estimé à 164 millions de francs CFA n’avait pas abouti pour des raisons que l’on ignore jusqu’à présent.
Entre-temps les autorités publiques avaient également essayé de fermer les sites de prostitutions. Mais là aussi l’entreprise s’est avérée infructueuse, car ces sites tels celui du quartier d’Amoutivé baptisé ‘’Dévissimé ’’ « le marché des enfants » en langue mina du pays continuent allègrement leurs activités après le départ des policiers.
Dans tous les cas l’exploitation sexuelle des jeunes filles mineures est une violation de la Convention relative aux droits de l’enfant. La sensibilisation doit être de mise pour que tous les citoyens soient informés sur les méfaits de la prostitution des mineurs, un danger public à combattre à tout prix.
Journal Canal D




