Tentative d’évasion dans les prisons : l’ASVITTO désapprouve l’approche de la CNDH

L’Association des Victimes de Tortures au Togo exprime sa désapprobation face aux récentes déclarations de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) à propos des tentatives d’évasion dans certaines prisons civiles du Togo. Pour l’ASVITTO, la CNDH devrait aller au concret en proposant des mesures adéquates aux gouvernants en vue de décourager ces mutineries répétitives. Par ailleurs, le Président de l’ASVITTO, M. KAO ATCHOLI, dans une déclaration diffusée ce 20 juin 2019, invite les membres de la CNDH à mesurer la portée de leur communiqué et l’utilisation que les autorités peuvent en faire.
Lire la déclaration :
DÉCLARATION RELATIVE AUX COMMUNIQUES DE LA COMMISSION NATIONALE DES DROITS DE L’HOMME (CNDH) SUR LES TENTATIVES D’ÉVASION DANS LES PRISONS CIVILES DE TSEVIE ET DE VOGAN
L’ASVITTO INVITE LA CNDH A INTERPELER LE GOUVERNEMENT BEAUCOUP PLUS SUR LES FACTEURS ENDOGÈNES QUI POUSSENT A L’ÉVASION
Dans un communiqué en date du 18 juin 2019 relatif à la tentative d’évasion à la prison civile de Vogan, l’institution chargée de la défense, de la protection et de la promotion des droits de l’homme s’est prononcée sur l’incident en ces termes : « La CNDH déplore cet événement malheureux et invite les autorités pénitentiaires et le gouvernement à renforcer les mesures sécuritaires dans les prisons en vue de prévenir de tels incidents ».
Ce communiqué survient seulement quelques jours après celui qui a sanctionné les évènements de la prison civile de Tsévié le 03 juin 2019.
Ces deux réactions de la Commission aux allures des communiqués du Gouvernement ne semblent pas cadrer avec son statut qui fait de lui « une institution indépendante », dont la principale mission est de veiller à la Promotion et à la protection des droits de l’homme conformément à la Loi organique N°2018-006 relative à la Composition, à l’organisation et au fonctionnement de la Commission Nationale des Droits de l’Homme.
Pour l’ASVITTO, il aurait été judicieux que la CNDH n’occulte pas les facteurs endogènes qui puissent entrainer les cas d’évasion dans ces prisons.
Les multiples rapports venant des institutions nationales et internationales ont relevé les conditions inhumaines et invivables dans les lieux de détention au Togo, et les décès en détention n’ont pas encore touché la sensibilité des Autorités gouvernementales.
En demandant aux Autorités pénitentiaires et gouvernementales de « renforcer les mesures sécuritaires dans les prisons », la CNDH n’a pas mesuré les conséquences trop répressives qui s’en suivraient sur les prisonniers.
En toute connaissance de cause, il existe des mesures pratiques que les Autorités doivent mettre en œuvre pour régler ce problème le plus simplement possible et il faut éviter que les communiqués de la CNDH deviennent un prétexte de répression supplémentaire sur les prisonniers qui va s’ajouter à ce qu’ils vivent déjà.
Fait à Lomé, le 20 Juin 2019.
Pour l’ASVITTO
Le Président
ATCHOLI KAO Monzolouwè