L’affaire secoue l’opinion publique et fait la ‘Une’ de la presse et des réseaux sociaux depuis presqu’un mois. Il s’agit de l’affaire dénommée OrnellaGate où Ornella LAINE, une femme enceinte en travail qui est décédé suite à la négligence des agents de santé au centre de santé de Lomé, dans le district sanitaire du Golfe.
La mort de cette jeune dame avec son fœtus n’a pas été digérée par la famille et la majorité des Togolais qui ont réclamé des sanctions contre les sages-femmes en poste ce jour. Après avoir sanctionné pour trois mois deux agents de la morgue de Lomé, pour avoir pris une somme de 50 000 à la famille de la défunte pour extraire le fœtus, c’est autour des deux sages-femmes de faire les frais de cette douloureuse histoire.
Les dames POUWAI Essokiza et TAIROU Naimatou, toutes deux sages-femmes d’État en service au centre de santé de Lomé sont mis à pied pour quinze (15) jours, selon une décision du 21 octobre 2021, du ministre de la Santé, de l’hygiène publique et l’accès universel aux soins, le professeur Moustapha Mijiyawa.
Une sanction diversement appréciée.
Si certains pensent que c’est un bon début afin d’éviter que ces manquements graves ne se répètent plus sur la terre de nos aïeux, d’autres trouvent la sanction trop légère vue les conséquences de leurs actes. Plusieurs estiment que ces faits sont légion et quotidiens dans nos hôpitaux publics. L’accueil réservé par les agents de santé dans les centres de santé de nos jours laisse à désirer. Pour ce cas de LAINE Ornella, c’est la force des réseaux sociaux qui a conduit le ministre à agir. Quid de ces cas similaires qui se produisent dans les localités à l’abri des réseaux sociaux ? Nous espérons que le conseil de discipline se pencherait véritablement sur ce problème.
De la responsabilité de l’Etat.
Au-delà de tout ce débat public, nous estimons que l’État doit prendre ses responsabilités afin de rendre nos hôpitaux publics plus attractifs sur le plan humain et matériel. Le chef d’État qui a annoncé depuis des années les États généraux de la Santé et l’Éducation doit passer à l’acte. Nos hôpitaux manquent de tout. L’accueil qui est un soin vital dans le traitement d’un patient doit être revu dans nos centres de santé. Il y a quelques années, le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo ayant cerné l’importance de l’ACCUEIL a mené une campagne en ce sens dans les centres de santé, mais peine perdue. De nos jours, les smartphones avec l’avènement des réseaux sociaux ont pris le dessus sur nos valeurs légendaires d’hospitalité dans tous les domaines en particulier dans les hôpitaux et l’administration publique.
Aujourd’hui, nos centres de santé sont anémiés, manque de personnel, d’équipements, d’un plateau technique digne. Tout le système sanitaire doit être revu, de la formation, de l’équipement en passant par le changement de comportement de tous. Les hôpitaux de référence dans le pays n’offrent pas et n’arrivent pas à satisfaire aux besoins des populations.
Il est déplorable qu’avec tous les programmes mis sur pied pour éviter des décès des femmes en donnant vie dont le récent “WEZOU”, l’on en soit à cette étape. L’État doit véritablement agir sans attendre les partenaires financiers extérieurs. Le Togo est capable de relever ce défi d’une manière structurée, il faudrait que la volonté ferme y suive.
S’il est vrai que tous les domaines de la société sont prioritaires, il faut rappeler qu’un pays ne se développe que grâce à son capital humain, qui doit être en bonne santé.
