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À 92 ans, Paul Biya rempile pour un nouveau mandat

C’est une annonce à la fois inattendue et saisissante qui a secoué la scène politique camerounaise ce dimanche 13 juillet. À 92 ans, Paul Biya, le président aux sept mandats et aux quarante-trois années de règne, a levé le voile sur ses intentions. Dans un message publié sur le réseau social X, le chef de l’État n’a pas tergiversé.

Je suis candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Soyez assurés que ma détermination à vous servir est à la mesure de l’acuité des défis auxquels nous sommes confrontés. indique t-il.

Une déclaration qui a fait l’effet d’un électrochoc dans un pays en proie à de multiples tensions. À l’heure où la rue murmure de plus en plus fort le besoin de changement, où les appels au renouveau se multiplient, Paul Biya choisit de s’inscrire, encore une fois, dans la durée. Il ne se présente pas comme un homme accroché au pouvoir, mais comme un capitaine convaincu que son expérience reste l’unique boussole face aux tempêtes.

Une candidature ne fait pas l’unanimité

Ces dernières semaines, des voix ont osé briser le silence au sein même du sérail. Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, deux figures historiques de son gouvernement, ont annoncé leur entrée dans la course, signant une rupture qui en dit long sur les tensions internes au camp présidentiel. L’opposition, de son côté, cherche désespérément à s’unir, entre les ambitions de Maurice Kamto, arrivé deuxième en 2018, et celles de Cabral Libii, autre prétendant sérieux à la magistrature suprême.

Et pendant que les états-majors s’agitent, la rue, elle, gronde. Le pays vit sous la pression d’une crise économique profonde. Le chômage des jeunes atteint des sommets vertigineux jusqu’à 74 % selon certains chiffres. Le coût de la vie explose, l’inflation ronge les maigres revenus et l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation reste un luxe pour des millions de citoyens. Sur les réseaux sociaux comme dans les quartiers populaires, la colère se fait de plus en plus visible.

À cela s’ajoute le conflit qui ensanglante les régions anglophones depuis 2016. Les affrontements entre groupes séparatistes et forces de sécurité continuent, plongeant le Nord-Ouest et le Sud-Ouest dans une instabilité chronique. En 2018 déjà, ces zones avaient connu une très faible participation. En 2025, le spectre d’un scrutin perturbé planne à nouveau.

Dans ce décor tendu, la candidature de Paul Biya sonne comme un pari audacieux. Un ultime défi lancé au temps, aux doutes, aux critiques. Lui croit encore à son rôle de guide, de garant, de bâtisseur. Et malgré l’usure du pouvoir, malgré les vents contraires, il semble dire au peuple camerounais : “Je suis toujours là. Et je suis prêt.” La balle est désormais dans le camp des électeurs.

Delali AYITE

Delali AYITE, est Journaliste Reporter à la Rédaction de Togomedia24.com

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