Politique

Togo : la CDPA dénonce un discours « en trompe-l’œil » de Faure Gnassingbé

Au lendemain du discours sur l’état de la Nation prononcé par le président du Conseil, Faure Gnassingbé devant les députés, la CDPA a réagi avec une rare fermeté. Pour le parti, ce discours, présenté comme une projection ambitieuse pour le Togo, n’est en réalité qu’une construction politique éloignée de la vie quotidienne des citoyens.

Dans sa déclaration, la CDPA affirme avoir écouté le message présidentiel « avec lucidité », estimant que « derrière les formules bien tournées et la rhétorique de réforme se dissimule une tout autre réalité : le Togo s’enlise dans une crise institutionnelle masquée par des artifices langagiers, sur fond de paupérisation massive et de régression démocratique assumée ».

Le parti s’attaque notamment à la 5ᵉ République, présentée par le chef de l’État comme un tournant historique. Une affirmation que la CDPA rejette frontalement, qualifiant cette évolution institutionnelle de « maquillage institutionnel au service d’un pouvoir verrouillé ». Selon elle, la réforme constitutionnelle, adoptée sans consultation populaire, illustre un système fermé, sans alternance possible, dans lequel « l’Assemblée nationale reste l’apanage d’une seule famille politique et les contre-pouvoirs sont muselés ».

Sur le plan social, la CDPA se montre tout aussi critique. Elle remet en cause la crédibilité des promesses d’équité et de justice sociale alors que, rappelle-t-elle, « sept Togolais sur dix vivent sous le seuil de pauvreté » et que les inégalités entre Lomé et les zones rurales demeurent extrêmes. Le parti souligne l’absence d’engagements chiffrés ou de plans concrets, estimant que le peuple « n’a plus besoin de discours : il attend des actes ».

Le parti pointe également la politique extérieure du Togo, qualifiée de paradoxale. Selon sa déclaration, le pays ne peut se présenter comme médiateur ou promoteur du panafricanisme alors qu’il reste « silencieux face aux coups d’État constitutionnels » et qu’il chute dans les classements mondiaux relatifs à la gouvernance et aux libertés fondamentales. « Le respect des droits humains à l’intérieur est le premier fondement de toute légitimité internationale », rappelle la CDPA.

Sur le plan économique, les critiques sont tout aussi directes. La CDPA dénonce des slogans sans engagements mesurables, une dette publique portée à 68 % du PIB et « un secteur privé étouffé par la corruption et l’arbitraire administratif ». Pour elle, sans justice fiscale ni transparence, aucune transformation véritable n’est possible.

La formation politique réagit aussi à l’annonce des grâces présidentielles, qu’elle refuse de considérer comme un geste suffisant. Elle regrette notamment « le silence assourdissant sur les prisonniers politiques », citant les cas de journalistes, de syndicalistes ou de lanceurs d’alerte détenus, et déplore l’absence de proposition d’amnistie. « On ne construit pas la paix en enfermant les voix dissidentes », prévient-elle.

Dans une conclusion très politique, la CDPA appelle à une rupture profonde et invite le peuple togolais à se mobiliser. « Le Togo n’a pas besoin de discours rédigés par des plumes talentueuses. Il a besoin de rupture. De courage. De démocratie réelle », affirme la déclaration, avant de lancer un appel solennel pour :

  • la libération immédiate des prisonniers politiques ;
  • la relecture de la loi de finances 2026 ;
  • la retraite politique des dirigeants actuels ;
  • une refondation constitutionnelle participative.

Et de conclure par une exhortation directe : « Peuple togolais, lève-toi : la démocratie l’exige. »

Delali AYITE

Delali AYITE, est Journaliste Reporter à la Rédaction de Togomedia24.com

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