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Serial : Éducation / l’école togolaise est-elle prête pour relever les défis actuels et futurs ?

L’école togolaise est-elle prêtre pour relever les défis actuels et futurs ? La question est posée. Elle est pertinente et d’actualité, ou du moins devrait l’être, pour tout citoyen togolais, soucieux du bien-être et surtout de l’avenir de notre cher pays, le Togo. Pour quiconque connaît et comprend un tant soit peu les fondamentaux d’un pays, d’un État ou d’une nation, il n’est pas difficile de reconnaître la place primordiale qui revient de droit à l’éducation. Car, il s’agit du creuset ou du moule dans lequel est façonné le citoyen et par ricochet l’avenir individuel et collectif de l’ensemble des citoyens qui vivent sur un territoire donné. Et pour paraphraser Abraham Lincoln, l’ancien président des États-Unis, la philosophie que l’on enseigne aujourd’hui à l’école primaire sera celle qui se retrouvera demain à la tête de la nation.

C’est dire donc, sans l’ombre d’un doute, que les maux dont souffre aujourd’hui notre pays et qui l’ont entraîné dans un fiasco spirituel, moral, économique, politique, social et financier prennent indéniablement leurs racines du peu d’importance accordée par nos dirigeants à l’éducation des populations togolaises. Ce serait injuste d’imputer la responsabilité entière de ce fiasco à la seule personne de Faure Gnassingbé, cependant il faut justement reconnaître que la déconfiture du système éducatif togolais s’est accentuée et accélérée sous sa gouvernance.

S’agit-il d’un manque cruel de vision ou plutôt d’un sabotage volontaire d’un des systèmes vitaux pour la vie et l’avenir d’une nation ? Voilà un mystère que seul l’avenir pourra nous aider à élucider. Force est quand-même de constater l’amateurisme et le manque de sérieux avec lesquelles le portefeuille éducatif est géré. De l’état de vétusté et de délabrement des infrastructures écolières, à la qualité douteuse et l’inadéquation des programmes dispensés en passant par les traitements indignes et parfois dégradants réservés aux enseignants, aux élèves et étudiants, il est clair que l’école togolaise n’est pas prête à relever les défis actuels encore moins ceux à venir.

Je sais que cette question épineuse fait monter souvent au créneau certains compatriotes dont l’esprit hautement partisan empêche toute analyse objective de la réalité de notre système éducatif. Heureusement, que le Togo compte parmi ses enfants quelques irréductibles qui sont prêts à peindre la réalité de façon vivide et sans détours pour permettre aux décideurs d’aujourd’hui et de demain de prendre la juste mesure du défi majeur que constitue la nécessité absolue d’éduquer et de former le Togolais pour la réussite.

Et pour Éduquer et Former les Togolais pour la Réussite, notre défi sera de repenser et de mettre en place très rapidement un système fiable, moderne et avant-gardiste qui permet d’éduquer et de former des Togolais hautement qualifiés et compétents pour répondre efficacement aux besoins actuels et futurs. Et notre réussite sera d’instaurer un nouveau système d’éducation fiable, stable et pragmatique en phase avec les besoins réels des populations togolaises ; un système assez ambitieux et audacieux pour servir à concrétiser la vision de faire briller le Togo comme l’or de l’humanité. Elle consistera également à inculquer le goût de l’excellence, de la créativité et de l’amélioration continue à chaque diplômé sorti de l’école togolaise.

Éduquer et Former les Togolais pour la Réussite : Un Enjeu Majeur

Avant d’aborder les trois mesures salutaires pour remettre le Togo sur les rails, puis les quatre piliers nécessaires pour garantir la qualité de l’éducation au Togo dans des articles ultérieurs, il serait important de faire un petit détour historique pour nous mettre, si cela est possible, sur la même longueur d’onde.

L’école et la retraite, des conséquences de la révolution industrielle

L’école en tant qu’institution telle que nous la connaissons aujourd’hui à travers le monde est une émanation directe de la révolution industrielle. Pour la petite histoire, la révolution dite industrielle commença en Europe, plus précisément en Angleterre, vers la moitié du 17e siècle. À ses débuts, elle a consacré le passage des méthodes de fabrication artisanale vers des méthodes de fabrication mécanisée. Depuis lors, cette révolution a progressé rapidement grâce à la découverte de nouvelles façons de produire de l’énergie, de fabriquer des choses ou de traiter l’information.

Ainsi, des machines mécaniques, on est passé aux machines à vapeur, ensuite aux machines électriques, puis aux appareils électroniques, après aux ordinateurs. À partir des ordinateurs, la révolution industrielle s’est accélérée à un rythme effréné grâce au traitement rapide des données et de l’information, à l’automatisation. Et enfin, depuis quelques années, nous sommes rentrés de plein pied dans l’ère de l’intelligence artificielle.

Il est vrai qu’il y a deux courants de pensée actuellement, le premier plus répandu soutient que nous sommes à la quatrième révolution industrielle. Et un second, auquel je souscris pleinement, pense plutôt que la révolution industrielle est actuellement entrée dans sa septième phase avec l’avènement de l’intelligence artificielle.

Quelle que soit l’école de pensée à laquelle on adhère, il y a quand-même deux constats majeurs à faire. Le premier constat est que l’école a vu le jour avec la création des usines qui sont une conséquence directe de la fabrication à la chaîne grâce à l’invention de la machine à vapeur et plus tard la machine électrique. Il était devenu nécessaire pour soutenir la demande économique créée par la révolution industrielle de former des ouvriers qualifiés capables d’accomplir avec précision des tâches routinières. Ainsi, plus on ouvrait des usines, plus on avait besoin de former des travailleurs. Ce besoin a donc conduit à la création des écoles. L’école a quelque peu évolué au fil du temps, cependant l’essentiel, qui consistait à produire pratiquement à la chaîne des travailleurs qualifiés selon des programmes précis, est resté inchangé.

Cependant, à mesure que la révolution industrielle a progressé, les nouvelles technologies inventées ont peu à peu commencé à éliminer la nécessité d’employer des ouvriers qualifiés. Cet état de fait est de plus en plus évident depuis l’avènement de l’automatisation et de la robotisation au 20e siècle, ce qui a permis de remplacer l’homme par la machine. Ce changement, qui s’est peu à peu accentué depuis lors, va certainement s’accélérer avec le recours de plus en plus accru à l’intelligence artificielle. La conséquence directe de ce phénomène sera l’élimination et la disparition de certains métiers et professions au cours des années et décennies à venir.

Les gouvernements et les institutions d’enseignement qui sont conscients du problème ont d’ores et déjà commencé à réfléchir à comment faire face à ce nouveau défi qui affectera des millions de gens à travers le monde.

Vu l’état désastreux de notre système éducatif, il faut avoir le courage de le reconnaître. Notre pays, le Togo est très en retard sur le reste du monde non seulement en matière de qualité de programmes, des infrastructures écolières et académiques et des conditions de travail, mais aussi et surtout par rapport à  une telle prise de conscience.

Le deuxième constat qu’il est important de souligner, c’est le fait que le concept de la retraite des travailleurs après un certain nombre d’années de service ou à un âge prédéfini, est aussi une conséquence directe de la révolution industrielle. En effet, le premier pays au monde à proposer la retraite des employés, fut l’Allemagne en 1881. Vers la fin du 19e siècle, face à une longue crise économique couplée d’un niveau de chômage élevé des jeunes et d’une grogne sociale, Otto von Bismarck, alors Chancelier a dû proposer une loi au parlement allemand pour introduire le retrait de la vie active des travailleurs âgés de 55 ans. En contrepartie, ces derniers bénéficieraient d’une assurance communément appelée aujourd’hui pension de retraite. L’idée fut initialement considérée comme une politique socialiste et vigoureusement combattue par les masses avant d’être adoptées en Allemagne, puis par d’autres pays européens et américains. Aujourd’hui, ce concept est devenu une norme mondiale. Cependant, le retour aux origines entrepreneuriales, de l’époque d’avant la révolution industrielle, que nous dictent les nouvelles technologies et la suppression anticipée de millions d’emplois font en sorte que les deux conséquences suivantes seront inévitables à moyens et longs termes : réformer l’école et repenser la retraite.

De la nécessité de réformer l’école et le concept de la retraite

Tout d’abord, la révolution industrielle a rendu nécessaire la création des écoles pour former à la chaîne des ouvriers qualifiés. Par la suite, la pléthore de jeunes ouvriers qualifiés mais contraints au chômage a conduit à l’invention du concept de la retraite.

Aujourd’hui, les avancées technologiques éliminent à une allure effrayante le besoin d’ouvriers qualifiés, ils sont peu à peu remplacés par des machines et autres robots programmés, automatisés. L’intelligence artificielle pousse la chose plus loin en conférant les capacités d’auto-apprentissage, d’auto-programmation et d’auto contrôle  à des machines. Cet état de fait conduira inévitablement d’une part, à une réduction substantielle du nombre de travailleurs qualifiés formés par l’école magistrale d’aujourd’hui. Il obligera d’autre part, à revoir non seulement les programmes d’enseignements, mais aussi les méthodes d’enseignements.

Ainsi, la révolution industrielle dans sa phase avancée éliminera elle-même la cause qui avait conduit à la nécessité de former des travailleurs à la chaîne avec des programmes standardisés et plus tard à l’invention du système de retraite.

Évidemment, ce qui nous intéresse cet article, c’est la réforme du système éducatif togolais. Quant à la redéfinition de la notion de retraite des travailleurs, elle fera l’objet d’une tribune ultérieure.

Cependant, il est important de retenir que le schéma classique qui a consisté jusque-là à aller à l’école, se trouver du travail, ensuite faire une carrière professionnelle et enfin prendre sa retraite, ne sera plus adapté à l’ère technologique nouvelle dans laquelle nous entrons. Ainsi, il est grand temps de commencer à réfléchir à un nouveau modèle d’éducation propre au Togo. Il s’agira d’une part, d’une approche qui nous permet de relever efficacement nos défis actuels pour assurer un bien-être à nos populations. D’autre part, il sera question d’anticiper les défis qui se profilent à l’horizon pour y apporter des solutions idoines ou mieux pour faire décoller le Togo et le faire briller comme l’or de l’humanité.                                                                                                                      

Quelles seront les 3 mesures salutaires pour remettre le Togo sur les rails ?

Depuis quelques années, la situation de l’éducation au Togo s’est constamment dégradée. Les grèves à répétition du corps enseignant constituent l’un des symptômes de l’état pitoyable dans lequel se trouve le système éducatif de notre pays. L’éducation togolaise est en panne ou tout simplement en faillite. Comme énoncé dans l’article Éduquer et Former les Togolais pour la Réussite : Un Enjeu Majeur, il s’agit d’une situation chaotique qui doit nous interpeler tous et chacun. Dans cet article, il est plutôt question d’aller plus loin, mais de façon concrète. Car, s’il est bon de critiquer un état de fait, il est également mieux de proposer des pistes de solutions ou des alternatives concrètes.

Dans cet élan, il n’est pas simplement question de corriger les fautes de gouvernance du passé relatives à notre éducation. Il s’agit plutôt et surtout de voir plus loin et d’anticiper ce dont notre pays a besoin pour réellement décoller et briller comme l’or de l’humanité. La réalisation de ce grand rêve que nous ont légué les fondateurs de notre nation ne saurait se réaliser sans un fondement éducatif solide. Pour se faire, il n’est certainement pas question pour nous de copier tout bonnement ce qui se fait ailleurs dans d’autres pays. Un copieur est un suiveur et à ce titre ne peut pas prétendre devenir un modèle pour les autres. L’ambition de notre pays n’est pas d’être comme les autres. Le Togo est et a toujours été un pays modèle pour les autres.

Malheureusement, au cours des cinquante dernières années, notre pays a été un modèle dans le mal à savoir les coups d’État militaires, les coups de force constitutionnels, législatifs et électoraux ainsi que le terrorisme d’État. Cependant, nous sommes arrivés au point de l’histoire de notre pays où nous sommes appelés à travailler ensemble pour non seulement mettre fin de façon légale et légitime au désordre multidimensionnel dans notre pays, mais aussi et surtout bâtir une nouvelle nation dont s’inspireront les autres peuples. Cela étant, revenons à notre question de départ. Pour remettre le Togo sur les rails de sa destinée, celle d’être l’or de l’humanité, il nous faudra reconnaître, accepter et appliquer les trois mesures salutaires suivantes :

  1. Réformer le système éducatif en profondeur
  2. Rendre l’éducation gratuite pour tous du primaire à l’université
  3. Rendre l’éducation obligatoire de 4 à 25 ans

Abordons maintenant et brièvement chacune de ces trois mesures.

La réforme en profondeur du système éducatif est une nécessité absolue. Ce sera le lieu de jeter les bases d’un nouveau système qui correspond aux réalités de notre pays et qui répond efficacement aux besoins de nos populations. Les quatre piliers nécessaires pour garantir la qualité et la fiabilité de ce nouveau système seront abordés dans un autre article. Toutefois, il est important de souligner ici qu’il ne s’agira pas d’un copier-coller d’un autre pays, mais plutôt d’un système qui se conçoit à partir des objectifs que nous nous fixerons pour faire briller le Togo comme l’or de l’humanité. Et cela suppose par exemple que l’écolier ou l’étudiant togolais de demain doit bien connaître sa localité, sa région et son pays avant de songer à apprendre quoi que ce soit des autres pays ou de l’occident. Le temps d’étudier l’économie des États-Unis ou du Japon, alors qu’on connaît vaguement celle du Togo et le potentiel économique de son village, de sa ville ou de sa région, est révolu. Les pays dits développés sont certes ouverts sur le monde, mais leur système éducatif est bel et bien conçu d’abord et avant tout autour de leurs propres réalités et pour satisfaire leurs besoins. Il n’y a aucune raison pour l’État togolais de faire autrement et au même moment s’attendre à un développement économique encore moins à une quelconque émergence quel que soit l’horizon fixé.

La gratuité scolaire du primaire à l’université s’impose à nous. Il s’agira de mettre tous les enfants togolais sur le même pied d’égalité. Chaque fils et fille du Togo doit pouvoir recevoir une éducation et une formation de qualité, quelle que soit la situation financière de ses parents. Nous avons besoin du talent et du savoir-faire de chaque citoyen et de chaque citoyenne pour parvenir à faire décoller le Togo et à le faire briller comme l’or de l’humanité. Alors, il est important et crucial d’aplanir le sentier et d’ôter tout obstacle qui pourrait empêcher les uns et les autres de recevoir éducation et la formation nécessaire pour les préparer à se rendre utiles à eux-mêmes, à leur famille, à leur ville ou village, à leur région, à leur pays, à leur continent et à l’humanité toute entière.

La scolarisation obligatoire de 4 à 25 ans est aussi une nécessité. En consacrant la gratuité scolaire pour tous, l’État togolais ôtera ainsi un obstacle majeur pour plusieurs parents et leurs enfants. Ainsi, cette politique salutaire ouvrira la voie à la deuxième qui rend la scolarisation obligatoire de 4 à 25 ans. Une telle ambition nécessite et doit encourager la participation de tous. Car, de la même façon que la gratuité scolaire permettra à tous les parents togolais d’envoyer leurs enfants à l’école, l’obligation de se scolariser permettra à tous les citoyens d’être convenablement éduqués et formés. Par conséquent, ils deviendront des citoyens capables de prendre en main leur propre destinée et de contribuer efficacement au développement de leur pays.

Qui plus est, l’obligation de scolariser entraîne aussi la nécessité de ré-scolariser les jeunes et les adultes togolais est un impératif. Cette mesure s’appliquera essentiellement aux jeunes déscolarisés ou peu scolarisés. Mais les adultes qui le souhaitent pourront aussi en bénéficier. Il s’agit d’une politique qui découle des deux premières et qui s’impose d’elle-même. Il est question ici de prévenir et de réduire le fossé que pourraient créer l’application des politiques de gratuité scolaire et de l’obligation de se scolariser. La mise en œuvre de ce dispositif supplémentaire fera en sorte que le Togo ne se retrouve pas avec littéralement deux classes de citoyens, les uns bien formés grâce au nouveau système éducatif que nous mettrons ensemble en place et les autres mal formés ou délaissés par l’ordre ancien.

En résumé, voilà donc exposée brièvement les trois mesures salutaires dont la nécessité et l’importance s’imposent à nous pour remettre le Togo sur les rails de sa destinée historique d’être l’or de l’humanité. Ainsi, la réforme en profondeur de l’éducation combinée à la gratuité scolaire et à l’obligation de scolariser, constituent trois initiatives essentielles et fondamentales pour jeter les bases d’un nouveau système éducatif responsable, ambitieux et avant-gardiste pour notre cher pays, le Togo. C’est ici le point de souligner que l’application effective et efficace de ces dispositions aura un impact positif certain sur l’éducation des Togolais, mais aussi contribuera à court, moyen et long termes à réduire l’injustice sociale, à éradiquer la pauvreté au sein de nos populations et à augmenter leur bien-être. Bref, il s’agira de poser un jalon important qui nous garantira le décollage et le rayonnement du Togo.

Par Kofi Sonokpon

Redaction TM24

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