Liberté de presse, le Togo régresse de 26 places au classement de RSF
Le Togo a reculé au classement mondial de Reporter sans frontière (RSF). 74ème en 2021, le pays occupe la 100ème dans le classement 2022. Malgré un paysage médiatique pléthorique, les médias d’État peinent encore à fournir une information de service public au Togo. La situation de la liberté de la presse reste dépendante du contexte politique.
Paysage médiatique :
Avec environ 234 titres, 94 radios et une dizaine de chaînes de télévision, le Togo dispose d’un paysage médiatique foisonnant. Les journaux les plus réguliers, comme le quotidien privé Liberté ou le quotidien national Togo-Presse, comptent parmi les plus lus. La télévision la plus suivie reste la Télévision Togolaise (TVT), la seule chaîne de télévision d’État. Malgré ce paysage médiatique abondant et l’apparition de nouveaux médias d’information en ligne, rares sont ceux qui fonctionnent en toute indépendance des forces politiques.
Contexte politique :
La situation de la liberté de la presse est dépendante du contexte politique, au Togo. En période électorale notamment, l’autocensure reste de mise pour les journalistes qui subissent des pressions. L’État et les acteurs politiques ont une grande influence dans le traitement de l’information : le pouvoir politique nomme tous les responsables des médias publics, ainsi que le président de l’instance de régulation des médias.
Cadre légal :
Au Togo, la liberté de presse est reconnue et garantie par l’État. Le code de la presse ne prévoit plus de peine privative de liberté depuis 2004, mais il est régulièrement contourné. Le texte adopté en 2020 garantit quant à lui l’indépendance du journalisme et l’accès à l’information, à condition de respecter le “secret défense”. L’accès à l’information reste difficile pour les journalistes, en particulier ceux de la presse privée et critiques des autorités, surtout lorsqu’il s’agit d’informations qui concernent l’État.
Contexte économique :
Les médias sont confrontés à d’importantes difficultés financières au Togo, la situation ayant empiré avec la crise sanitaire de la Covid-19. L’Observatoire togolais des médias, autorité morale qui équivaut au premier niveau de régulation, ne dispose pas d’assez de ressources financières pour être vraiment efficace.
Contexte socioculturel :
Si les journalistes peuvent traiter la grande majorité des thèmes de société sans crainte de représailles, ils préfèrent éviter de traiter des sujets tabous comme la corruption, les questions relatives à l’armée, et au président de la République et sa famille.
Sécurité :
La sécurité des journalistes reste un problème préoccupant au Togo, particulièrement pour les journalistes d’investigation dénonçant la corruption ou des affaires d’État. Ils peuvent faire l’objet de représailles directes et importantes, comme est venu le rappeler la détention, pendant plusieurs semaines, de deux directeurs de publication en 2021. Les journalistes reçoivent régulièrement des pressions ou des avantages pour adopter une position qui s’aligne sur l’agenda du régime. Lorsqu’ils résistent, ils font l’objet d’une surveillance étroite, comme l’ont montré les révélations de l’affaire Pegasus.
Avec RSF
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