Dans le tumulte coloré de Yopougon, une partie de l’opposition ivoirienne composée des partis politiques PPA-CI et le PDCI a transformé l’asphalte en estrade, galvanisant ses partisans derrière un front commun inédit. Leur manifeste tient en trois refus.
Il s’agit dans un premier temps de refuser l’exclusion des figures clés de la course présidentielle, en second lieu de refuser une Commission électorale jugée aux ordres et en troisième position de dire non au quatrième mandat pour Alassane Ouattara, perçu comme un déni d’alternance.
Reportée d’une semaine pour cause de fête nationale, la marche a finalement obtenu le visa des autorités. Sous contrôle, mais visible.
À Lomé, même scénario initial, des citoyens mobilisés, une cause affichée, la paix, un itinéraire tracé. Sauf qu’ici, les rideaux sont tombés avant l’acte. Cette fois-ci, une manifestation en hommage aux victimes des manifestations des 6, 26, 27, 28 juin 2025
Le ministère de l’Administration territoriale a invoqué un climat social inflammable, le spectre d’incidents et la proximité de lieux récemment endeuillés pour interdire la marche de Novation Internationale.
L’image est saisissante d’un côté, Abidjan autorise la contestation, l’enferme dans un couloir balisé, mais lui offre malgré tout la lumière. De l’autre, Lomé verrouille toute initiative de manifestation.
Au fond, ces deux choix posent la même question : qu’est-ce qu’un État prêt à risquer ou à refuser pour entendre battre le pouls de sa démocratie ? Car dans les capitales d’Afrique de l’Ouest, la rue n’est pas seulement un espace de passage. C’est une scène, un baromètre, parfois même un tribunal. Et le 9 août 2025, ce tribunal a rendu deux verdicts très différents.
