Developpement

Route Sadori-Kabou : trois ans après les travaux, la catastrophe

Par Aubin KOUTELE

Trois ans après sa mise en service, la route nationale 17 (RN17) reliant Katchamba à Sadori via Kabou et Guérin-Kouka offre un spectacle désolant et honteux pour le pays. Cette route, fonctionnelle depuis 2022, présente aujourd’hui des nids-de-poule, des affaissements et du bitume arraché sur plusieurs mètres, laissant place à la latérite.

Une simple observation de l’état de la route suffit à faire douter de la qualité des travaux réalisés sur ce tronçon. Même sans être spécialiste des travaux publics, l’épaisseur de l’enrobé parle d’elle-même.

Ce tronçon de 60 km, bitumé dans un grand déploiement de communication, visait à désenclaver les préfectures de Bassar et de Dankpen et à servir de contournement entre Sokodé et Mango.

C’est l’entreprise tuniso-togolaise CHAABANE & Cie S.A. qui a remporté le marché “Projet d’aménagement et de bitumage de la RN 17 entre Katchamba et Sadori, tronçon Nali-Sadori (30 km)” à 12 966 692 668 FCFA avec contrôle et supervision assurés par le Groupement de bureaux GERM Consulting/AZ Consult/BETRA à 565 869 000 FCFA. Ceci dans le cadre d’un prêt à hauteur de 20 milliards de FCFA par la BOAD et la BIDC.

« Le gouvernement est persuadé que la modernisation des infrastructures routières donnera un nouveau souffle aux activités économiques, notamment le développement des échanges nationaux, intra-régionaux et avec le reste du monde », avait déclaré en septembre 2019, le ministre de l’Économie et des Finances, Sani Yaya.

Sani Yaya à gauche et Christian Adovelande lors de la signature à Lomé

C’est aujourd’hui la détresse pour les usagers et les riverains de ce tronçon qui, il y a quelques années encore, se réjouissaient de ce qu’ils qualifiaient de joyau. À ce jour, des portions entières de la chaussée se sont littéralement décapées, obligeant les chauffeurs à slalomer à 20 km/h sur une route censée supporter 100 km/h. Les gros porteurs des pays de l’AES ou les transporteurs togolais acheminant des matières et produits de première nécessité sont contraints de passer des heures sur cet axe.

Une situation d’autant plus déplorée par les responsables syndicaux qui, malgré l’état hideux de la route, sont obligés de payer le péage.

Situer les responsabilités

Comme pour de nombreux chantiers entamés et jamais achevés, l’État devrait situer les responsabilités en interpellant les entreprises concernées. Dans un pays où les dirigeants disent lutter contre la gabegie financière, l’entreprise et le bureau de contrôle devraient reprendre les travaux à leurs frais. Qu’est-ce qui justifie le silence des autorités, voire des élus locaux ? Le contribuable togolais, qui remboursera ce prêt pendant de nombreuses années, mérite d’être informé.

Les spécifications techniques prévues dans le cahier des charges ont-elles été respectées ? Des pots-de-vin ont-ils contribué à livrer des travaux médiocres et lamentables ? Des riverains et conducteurs rencontrés sur le tronçon affirment que l’épaisseur de la couche de roulement n’a jamais dépassé 5 cm sur certaines sections, loin des 7 à 8 cm prévus. Une réalité visible et palpable à l’œil nu.

Cette situation déplorable devrait pousser le bureau Bétra Conseil, chargé de la supervision, à expliquer les raisons qui l’ont conduit à valider les travaux.

Nécessité d’une action des transporteurs et des associations de consommateurs

Les associations de consommateurs telles que la LCT et l’ATC, ainsi que les regroupements de transporteurs, devraient prendre ce dossier à bras-le-corps et exiger des comptes. Il est impératif que l’actuel ministre des Travaux publics, la société CHAABANE & Cie S.A. et le bureau de contrôle Bétra Conseil expliquent aux contribuables ce qui s’est réellement passé.

Cette situation devrait également interpeller la HAPLUCIA (Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées), dont la mission est de promouvoir la bonne gouvernance et de lutter contre la corruption, afin qu’elle se saisisse du dossier.

Chose curieuse, cette société CHAABANE & Cie S.A. a obtenu par entente directe avec le ministère des travaux publics, 10 119 827 406 FCFA pour des travaux de renforcement de la RN 17 sur le tronçon Bassar (y compris contournement)-Kabou-guerin kouka-katchamba-djabignon, selon la liste des marchés passés en 2022.

Le mutisme des autorités ne renforce en rien les efforts d’adhésion des populations à la construction d’une nation robuste, exempte de corruption et de gabegie.

Aubin Koutele

Directeur de Publication du site Togomedia24, Nous essayons de faire notre part pour le Togo. Pour vos annonces publicitaires, Contactez Togomedia24, 00228 91 06 25 88 E-mail: togomedia24@yahoo.com. Pawinim KOUTELE

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
×

Cliquez pour discuter

 

× Contacter la rédaction