Burkina Faso

Burkina Faso : un vaste réseau de corruption éclabousse la Douane et la Justice

Un nouveau scandale de corruption secoue le Burkina Faso. Une enquête minutieuse menée par l’Autorité Supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) a permis de mettre au jour un vaste réseau impliquant des agents des douanes, plusieurs magistrats et même un avocat. Les conclusions de cette affaire, révélées par le Comité d’Orientation de la Refondation de l’État et de l’Action Gouvernementale (KORAG), laissent entrevoir un système bien organisé où pots-de-vin, manipulations judiciaires et complicités hiérarchiques se mêlent.

Selon le porte-parole du KORAG, le Capitaine Farouk Azarias Sorgho, tout est parti de signalements concernant des pratiques douteuses au sein de la Coordination nationale de lutte contre la fraude.

« Nous avons découvert des agents exigeant illégalement de l’argent pour laisser passer des camions pourtant en règle. Les montants variaient entre 100 000 et 150 000 F CFA », a-t-il révélé, déplorant la banalisation de ces dérives dans certains services publics.

Les perquisitions menées dans les bureaux et domiciles des agents ont permis la saisie de fortes sommes d’argent. Les témoignages de transporteurs et de commerçants sont venus confirmer les faits. L’affaire, pourtant solidement étayée par des preuves matérielles – vidéos, aveux et concordances de récits –, a connu un rebondissement inattendu : le juge d’instruction a prononcé un non-lieu, décision confirmée ensuite par la Cour d’appel.

Une décision que le KORAG juge « incompréhensible et choquante ». « Le dossier comportait des éléments probants. Par ce non-lieu, la justice a fragilisé la lutte contre la corruption », a regretté le Capitaine Sorgho, dénonçant ce qu’il qualifie de « mascarade judiciaire ». Pire encore, les douaniers mis en cause auraient réussi à obtenir, par le biais de complicités internes, l’identité des dénonciateurs et certaines pièces confidentielles du dossier. L’un d’eux aurait même porté plainte contre un citoyen dénonciateur après avoir soudoyé un magistrat pour obtenir une condamnation. Pour le KORAG, cette situation constitue une atteinte grave à la protection des lanceurs d’alerte et met en péril les efforts de refondation de l’État.

L’enquête a par ailleurs permis de découvrir un second pan du réseau, cette fois dans le milieu judiciaire. Dix magistrats, parmi lesquels un président de chambre et un procureur général, sont soupçonnés d’avoir perçu des sommes importantes pour influencer la procédure. Un avocat de la Cour d’appel de Ouagadougou figure également parmi les personnes mises en cause. « La justice devrait être un repère moral. Pourtant, certains de ses acteurs ont choisi la compromission », a martelé le Capitaine Sorgho, qui a rappelé la détermination du Président Ibrahim Traoré à assainir les institutions et restaurer la confiance entre l’État et les citoyens.

Le KORAG promet de poursuivre la moralisation du système judiciaire et d’appliquer des sanctions exemplaires contre toute personne reconnue coupable d’actes de corruption. Il invite la population à rester vigilante pour bâtir un Burkina « digne, intègre et souverain ».

Delali AYITE

Delali AYITE, est Journaliste Reporter à la Rédaction de Togomedia24.com

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