L’ASVITTO inquiète pour l’intégrité physique des Togolais
L’Association des Victimes de Torture au Togo se positionne en véritable défenseur des Droits de l’Homme et des libertés publiques. A l’occasion de la journée internationale de soutien aux victimes de la torture, l’ASVITTO constate que les actes de tortures se perpétuent au Togo. Ces faits, selon l’organisation se poursuivent malgré le fait que la constitution togolaise ait interdit ces actes inhumains ou dégradants. Pour cette association présidée par M. Monzolouwè ATCHOLI KAO, l’Etat Togolais affecte d’importants moyens financiers et matériels dans « des ateliers de tortures », pendant que la CNDH est cachée dans un endroit invisible où elle n’a aucune visibilité. Dans une déclaration parvenue à notre rédaction, l’ASVITTO demande aux autorités de ne pas faire de la CNDH, une cellule de communication et de couverture des violations, et ses membres des militants de parti. S’agissant de la CNDH, l’association des victimes de torture exhorte sa présidente au respect scrupuleux de l’article 8 de la Loi Organique relative à la Composition, à l’Organisation et au Fonctionnement de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH).
Lire la déclaration :
COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE SOUTIEN AUX VICTIMES DE TORTURE DANS LE MONDE
L’ASVITTO PLAIDE POUR LE RESPECT DANS LA PRATIQUE DES LOIS POUR LA PRÉVENTION DE LA TORTURE ET L’INDÉPENDANCE DE LA COMMISSION NATIONALE DES DROITS DE L’HOMME (CNDH)
« La personne humaine est sacrée et inviolable. Nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Nul ne peut se soustraire à la peine encourue du fait de ces violations en invoquant l’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique. Tout individu, tout agent de l’État coupable de tels actes, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera puni conformément à la loi. Tout individu, tout agent de l’État est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte grave et manifeste au respect des Droits de l’Homme et des libertés publiques. »
« Tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdits »
« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
C’est en des termes clairs et sans ambiguïté que l’article 21 de la Constitution Togolaise, l’article 5 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, et l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ont garanti la protection de l’intégrité physique des populations si force était à la loi. Cependant, au Togo la situation est tout autre, l’autorité politique a un penchant pour les violateurs et s’est manifestement soustraite de son devoir de garante de ces instruments fondamentaux précités. Comme tout esprit indigné peut le constater, le discours élogieux des autorités gouvernementales sur la situation des droits de l’homme est en contraste avec la réalité, la brutalité, l’impunité, les brimades, les actes de torture et mauvais traitements et autres formes de violences ont caractérisé le débat politique au Togo, et ceci a lieu dans plusieurs localités. En réponse à cette crise, la gouvernance a brillé par l’indifférence, l’insensibilité, l’insouciance voire des comportements tendancieux qui sont en déphasage avec le profil caractéristique des détenteurs de hautes responsabilités.
Au vu des témoignages recueillis, le Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC) qui est sous contrôle de la Gendarmerie Nationale est le prototype de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), les actes de torture décriés dans cette Agence ont été simplement délocalisés avec les « ateliers de torture » au SCRIC. Curieusement, pour ces endroits de mauvaises réputations, l’Etat a mobilisé des moyens financiers et matériels colossaux, tandis que la CNDH est cachée dans un endroit invisible où elle n’a aucune visibilité. De plus elle est abritée dans un immeuble vieillissant qui est dans un état de délabrement très avancé à vu d’œil. Son enseigne, en déséquilibre et dans une rue inconnue du grand public est illustratrice de la place que les dirigeants ont réservée à la question de défense, de protection et de promotion des droits humains et des libertés fondamentales. Pour paraphraser un grand homme, nos actes parlent très fort au point que nos paroles ne sont pas entendues par nos interlocuteurs. Si le symbole des droits de l’homme n’a pas de place, il va de soi que leur respect éprouve d’énormes difficultés.
Ainsi, à l’occasion de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture, l’ASVITTO exprime sa vive préoccupation sur l’avenir du Mécanisme National de Prévention de la torture (MNP) et insiste sur le respect de l’indépendance de cette institution qui doit jouer un rôle fondamental dans la protection de l’intégrité physique des Togolais. Elle demande aux autorités gouvernementales de ne pas faire de la CNDH une cellule de communication et de couverture des violations, et ses membres des militants de parti.
De même, elle invite la présidente de la CNDH et les membres de la commission au respect scrupuleux de l’article 8 de la Loi Organique relative à la Composition, à l’Organisation et au Fonctionnement de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) qui exige de ses membres le profil ci-après :
« Faire preuve de probité morale et d’indépendance d’esprit »
« Faire preuve d’intérêt dans le domaine des droits de l’homme et de la prévention de la torture ou dans tout autre domaine se rapportant à la mission de la commission »
« Ne pas appartenir à un organe dirigeant d’une formation politique »
Enfin l’ASVITTO exprime toute sa compassion à toutes les victimes de torture au Togo et dans le monde, et rend un hommage à tous ceux qui sont en lutte pour éradiquer ce crime.
Fait à Lomé, le 26 juin 2019
Pour l’ASVITTO
Le Président
ATCHOLI KAO Monzolouwè