Les grossesses précoces demeurent un fléau majeur au Togo, notamment en milieu scolaire, compromettant l’avenir de nombreuses adolescentes. Ce phénomène alarmant expose les jeunes filles à des risques de santé, à l’abandon scolaire ou professionnel et les rend vulnérables aux violences sexuelles.
Face à cette situation, l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familial (ATBEF), avec l’appui du Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI), a mis en œuvre un projet novateur visant à lutter contre ce mal avec l’adoption de l’approche multisectorielle et transformatrice.
Le projet, dénommé « Approches multisectorielles et transformatrices des rites et initiations pour les droits en santé sexuelle et de la reproduction des adolescentes », a enregistré des résultats encourageants depuis son lancement en 2018.
Selon les chiffres recueillis, les grossesses précoces en milieu scolaire ont diminué de 72 % dans les collèges cibles du projet. Cette approche repose sur une collaboration étroite entre les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice, des collectivités locales, ainsi que sur l’implication des chefs traditionnels et religieux.
Komla Mensah TIASSOU, chargé d’exécution du projet, exprime sa satisfaction.
« Les objectifs sont atteints. Nous avons prévu une réduction d’au moins 50 % des grossesses précoces, mais aujourd’hui, nous sommes à 72 %. Ces résultats sont le fruit de la collaboration multisectorielle que nous avons développée depuis 2018. Nous menons également des actions de plaidoyer pour institutionnaliser cette approche au niveau des communes. »
Les interventions ont mis un accent particulier sur la formation des enseignants, le renforcement des capacités des prestataires de soins pour offrir des services adaptés aux jeunes et la mise en place de comités scolaires de prévention.
Mme Rita Agbodjan, point du projet au sein de la commune d’Agoe nyivé 5 insiste sur la nécessité d’une mobilisation collective : « La protection des adolescentes passe par l’implication des communautés. Chacun doit jouer son rôle pour assurer la santé et les droits des jeunes filles. »
Simon Mininkpo, point focal du projet, souligne l’importance de la concertation :« Il faut que nos efforts convergent pour éviter les grossesses précoces. La clé du succès est dans la collaboration et la coordination des actions ».
Les défis demeurent notamment la persistance de certaines pratiques culturelles favorisant les mariages précoces.
Togbui NUMATEKPO, représentant du chef canton de Kovié, plaide pour une adaptation des rites d’initiation des jeunes au sein de nos communautés.
« Il est essentiel que nos traditions évoluent pour protéger nos enfants. Les rites doivent intégrer des notions de santé sexuelle et reproductive ».
Pour assurer la pérennité du projet, des rencontres régionales sont organisées avec les maires, les chefs traditionnels et les responsables locaux du 7 au 12 janvier 2025. Ces séances visent à partager les résultats, célébrer les efforts et proposer des solutions durables.
Dr Komlan NOUSSOUKPOE, chercheur principal du projet, insiste sur le rôle important des acteurs locaux. « La réduction des grossesses précoces ne peut se faire sans l’implication directe des communautés. Ce projet prouve que les chefs traditionnels, les enseignants et les parents ont un rôle déterminant à jouer. »
Mme Emefa Mawuwoe, point focal à Sanguéra, ajoute que : « Pour éradiquer les grossesses précoces, il faut intensifier les sensibilisations et encourager la jeunesse à être responsable. »
Les résultats obtenus démontrent que le changement est possible. L’ATBEF reste déterminée à poursuivre ses actions pour garantir un meilleur avenir aux adolescentes togolaises. Mme Rita Agbodjan conclut avec optimisme : « Un Togo sans grossesses précoces est à notre portée. Cela nécessite une volonté commune et une implication continue de tous ».
