Mali : un recensement révèle plus de 36 000 fonctionnaires fictifs

Un scandale secoue le Mali après la découverte de 36 151 fonctionnaires « fantômes ». Cette affaire fait grand bruit à Bamako. À la suite d’un audit du fichier de la fonction publique, ordonné par le président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta, un recensement biométrique effectué via le Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH) entre mai 2022 et septembre 2024 a révélé que 36 151 agents publics étaient absents.
En termes de masse salariale, ces fonctionnaires fictifs coûtent au Trésor malien la somme colossale de 48,28 milliards de francs CFA par an. Lors de ce contrôle, un délai de trois mois a été accordé à ces personnes pour régulariser leur situation, sous peine de voir leurs salaires définitivement suspendus à partir de septembre 2025.
Cette mesure vise, selon les autorités maliennes, à assainir les finances publiques et à renforcer la transparence dans la gestion des deniers publics. À Bamako et dans d’autres localités du pays, des voix s’élèvent pour exiger des sanctions sévères contre les auteurs de cette fraude, ainsi que le remboursement des sommes perçues indûment.
Sur un autre plan, la société civile se réjouit de la perspective que les fonds récupérés puissent financer des projets prioritaires, tels que la construction d’hôpitaux ou l’achat de céréales pour garantir la sécurité alimentaire.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a qualifié la suspension des salaires de « provisoire » pour encourager une régularisation, tout en insistant sur des sanctions définitives en cas de non-conformité.
Ce « scandale malien » relance le débat sur la gestion désastreuse des ressources publiques dans plusieurs pays subsahariens, où certains s’enrichissent illicitement au détriment des contribuables.
Au Togo, une opération similaire a été menée en 2015 sous le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, sans toutefois que la liste des personnes identifiées soit rendue publique.
Que pensez-vous de cette situation au Mali ?
Aubin KOUTELE